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25juin17
Frappe de missiles Kalibr en Syrie: un message envoyé à la coalition US
Vendredi 23 juin, trois navires de la marine russe ont tiré des missiles Kalibr contre les positions de Daech en Syrie. L'expert de Sputnik Alexandre Khrolenko explique les raisons à l'œuvre derrière cette frappe.
Vendredi dernier, les frégates Amiral Essen et Amiral Grigorovitch ainsi que le sous-marin Krasnodar de la Marine russe ont lancé six missiles de croisière de type Kalibr contre des postes de commandement et d'importants dépôts d'armes de Daech dans la province syrienne de Hama.
Le ministère russe de la Défense en a averti à l'avance la Turquie et Israël.
La frappe a été effectuée sur fond d'offensive de l'armée gouvernementale syrienne. Deux jours avant, ses unités ont délogé les djihadistes de cinq quartiers de la banlieue sud-est de Damas.
La situation est propice à la poursuite d'un règlement négocié en Syrie. Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé que les principes des zones de désescalade en Syrie avaient été concertés par les pays garants.
D'aucuns pourraient croire que l'utilisation des missiles de croisière navalisés était superflue, car les Kalibr sont destinés à frapper à une distance de 2.600 km et à surmonter des systèmes modernes de défense aérienne et antimissile. Fallait-il les utiliser contre les djihadistes armés de fusils et de missiles anti-aériens?
Les missiles ont été tirés après que le renseignement a confirmé la nécessité d'une frappe massive et de haute précision contre les sites terroristes dans la province de Hama. Le ministère russe de la Défense a précisé qu'au moment du lancement des missiles, le sous-marin Krasnodar était immergé et que ce tir de missile n'était pas uniquement destiné à produire un effet sur les combattants de Daech.
Les tirs de missiles de croisière en Méditerranée n'étaient pas une simple démonstration des capacités de la marine russe, mais un élément de la lutte contre le terrorisme international dans le contexte de la présence dans la région des forces aériennes et navales des États-Unis et de l'Otan.
La vision russe de la situation en Syrie diffère de celle de Washington et de Bruxelles. La destruction d'un Su-22 syrien par le F/A-18A Super Hornet américain dans la région de Raqqa a poussé la Russie à suspendre le mémorandum russo-américain sur les vols en Syrie. Selon le témoignage du commandant des forces aériennes belges Frederik Vansina, l'avertissement du ministère de la Défense sur le suivi radar des cibles aériennes a mis fin, de fait, aux vols de la coalition aérienne dans le ciel de la Syrie à l'ouest de l'Euphrate, à l'exception de la région de Raqqa. De toute évidence, l'Occident n'est pas habitué à des opérations durant lesquelles il faut exposer à un risque la vie de pilotes et du matériel onéreux.
Le Pentagone reconnaît qu'à l'heure actuelle, l'armée américaine est incapable de contenir ou de vaincre un adversaire de force égale. D'autant plus qu'en Syrie, les alliés de Damas, l'Iran et la Russie compris, créent des obstacles aux manœuvres de la coalition.
Le général de brigade Kevin Ryan, ancien attaché militaire de l'ambassade américaine à Moscou et expert de Harvard Belfer Center, a signalé que l'avertissement du ministère russe de la Défense était une menace on ne peut plus claire.
«La Russie a déclaré qu'elle accompagnerait et suivrait le vol de tout avion ou autre appareil de la coalition. Les forces aériennes des États-Unis seront désormais obligées de revoir leurs opérations pour la simple raison qu'elles ne pourront plus opérer sans être surveillées par les systèmes russes. Cela veut dire que les pilotes s'approcheront d'un pas d'une situation dans laquelle ils pourraient être abattus», a-t-il signalé.
Les craintes des Américains et de leurs alliés tiennent à l'élargissement des compétences des officiers russes d'échelon inférieurs: si les décisions sont prises par un capitaine au lieu d'un général, le nombre de personnes autorisées à abattre les avions de la coalition croît sensiblement.
« Au cours des années de la guerre froide, les Russes ont abattu 39 avions américains près de leurs frontières. Pour les militaires, abattre un avion de plus n'a rien de neuf», ajoute le général.
Ainsi, les Américains craignent les forces aérospatiales russes et, dans le même temps, envisagent des scénarios de conflit réel avec la Russie en Syrie.
Même si la confrontation entre les États-Unis et la Russie a des précédents historiques, une chose ne doit pas être perdue de vue: un conflit russo-américain en Syrie ne profitera qu'à Daech.
À l'opposé de Washington, Moscou opère dans la région sur une base légitime et sur l'invitation du gouvernement syrien légitime. Si le Pentagone rêve d'un «partage» de la Syrie, les armes hautement technologiques russes veillent quant à elles sur la souveraineté et l'intégrité territoriale de ce pays.
[Source: Sputnik News, Moscou, 25juin17]
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