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16mar16
Nouveau coup de maître de Poutine
Alors que les regards de la communauté internationale étaient rivés sur Genève où se tenait un nouveau round de négociations indirectes entre régime syrien et opposition, le président russe brouille les cartes et ordonne un retrait des troupes de son pays du théâtre des opérations en Syrie. Quelques heures seulement après la décision de Poutine, des avions de combat et des militaires ont déjà commencé à quitter la Syrie et à rentrer en Russie. Selon des agences de presse, un premier groupe de bombardiers modernes Su-34 et des Tupolev-154 transportant des techniciens et du matériel militaires a quitté la base aérienne de Hmeimim, dans le nord-ouest de la Syrie.
Pour expliquer ce «retrait» tactique, les Russes indiquent que l'objectif de leur intervention a été atteint. Ils ont, en effet, réussi à renverser le rapport des forces sur le terrain des opérations, puisque depuis le début des bombardements russes, l'armée régulière syrienne a réussi à récupérer beaucoup d'espaces pris par l'opposition armée et notamment les djihadistes de Jabhat El Nosra ou le groupe Etat islamique (EI). Mais comme Vladimir Poutine excelle dans les jeux diplomatiques, il souffle le chaud et le froid.
Et au moment où des troupes russes commencent réellement à quitter la Syrie, des avions russes ont bombardé la périphérie de la ville historique de Palmyre. Selon l'AFP qui cite «une source de sécurité sur le terrain», «l'armée syrienne, grâce aux bombardements de l'aviation et des hélicoptères russes, avait pris le contrôle d'une colline à l'ouest de Palmyre après une violente bataille avec l'EI et dominait désormais la ville».
Ce nouvel épisode s'ajoute au flou ambiant qu'entretient Moscou dans ce conflit où les Russes jouent le rôle central. Car, quelques heures après l'annonce de la décision du Kremlin, le vice-ministre de la Défense présent en Syrie, le général Nikolaï Pankov, a toutefois prévenu que l'aviation russe poursuivrait ses frappes contre des «objectifs terroristes» et assuré qu'il était encore trop tôt pour parler de «victoire contre les terroristes». La présidence russe évoque également le «maintien» de troupes sur place. Il s'agit essentiellement de la base aérienne de Hmeimim. Mais les Russes ne disent rien sur les effectifs qui restent, tout comme ils ne communiquent pas sur le nombre d'hommes concernés par le retrait.
Car, à la base, il est difficile de connaître l'importance des moyens russes déployés en Syrie. Les observateurs comptabilisent une cinquantaine d'avions, des hélicoptères et des chars de combat. Mais personne ne sait avec précision combien de soldats russes sont déployés au pays d'Al Assad.
Sur le plan diplomatique, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et la France ont accueilli positivement la décision de la Russie. La France estime en effet que «tout ce qui contribue à la désescalade doit être encouragé». Mais les représentants de l'opposition syrienne et les Etats-Unis restent méfiants. Malgré la mise en œuvre effective de la décision de Poutine, les observateurs, y compris des experts russes, tentent de comprendre ses motivations.
Certains expliquent cela par le coût de telles opérations, plus de 2,5 millions de dollars par jour, excessif pour un pays en crise économique. D'autres avancent la concrétisation d'une bonne partie des objectifs tracés dès le début de l'opération ; c'est le cas notamment de la reprise en main par l'armée syrienne de la situation militaire. La troisième explication qui a été avancée est liée à un possible accord russo-américain visant à privilégier la solution diplomatique. Mais une chose est certaine : Poutine reste le maître du jeu dans le conflit syrien.
[Source: Par Ali Boukhlef, El Watan, Alger, 16mar16]
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