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14Oct11
Syrte, emblème de la "révolution" de Kadhafi, désormais une ville en ruines
Après un mois de batailles entre les derniers fidèles de l'ancien dirigeant en fuite et les forces du Conseil national de transition (CNT), les rues sont jonchées de carcasses de voitures calcinées, et chaque bâtiment porte des traces des bombardements et des combats de rue qui ont suivi.
Lutfy al-Amine, un combattant du CNT originaire de la ville de Misrata, raconte qu'il est venu souvent à Syrte, mais que désormais, il reconnaît à peine la cité côtière jadis prospère dont la population avoisinait les 100.000 habitants.
"Tout est détruit", raconte-t-il pendant les combats contre les dernières poches de résistance des pro-Kadhafi. "Mais c'est leur faute. S'ils s'étaient rendus, nous n'aurions pas fait cela", ajoute cet employé de poste de 37 ans.
La ville de Lutfy al-Amine, Misrata, à environ 250 km au nord-ouest de Syrte, a elle-même été dévastée au printemps par deux mois de siège et de batailles, quand les forces pro-Kadhafi ont tenté de déloger les rebelles qui avaient pris le contrôle de la ville.
Mais Misrata a tenu, au prix de combats qui ont fait environ 1.400 morts parmi ses habitants, et ses combattants aguerris ont ensuite participé à la prise de Tripoli, avant de venir poursuivre leur lutte à Syrte.
Mercredi, ils ont fait la jonction avec les combattants venus de Benghazi, l'ancienne "capitale" des rebelles dans l'Est, et ont quadrillé la ville en tirant en l'air pour célébrer la victoire imminente.
A bord de leurs pick-up peints en noir et montés de mitrailleuses ou de canons anti-aériens, ils ne cachaient pas leur fierté après des combats qui ont pourtant fait une centaine de morts et des centaines de blessés parmi leurs camarades en moins d'une semaine.
Quelques drapeaux verts de l'ancien régime flottaient encore sur les toits, mais ils étaient vite remplacés par ceux rouges, noirs et verts du nouveau pouvoir.
Avançant maison par maison à la recherche d'armes et de combattants pro-Kadhafi, les anciens rebelles ressortaient parfois les bras chargés d'objets volés, tandis qu'une procession de véhicules "confisqués" quittaient la ville que Mouammar Kadhafi avait voulu ériger en modèle de sa "révolution".
Dès sa prise du pouvoir en 1969, le colonel Kadhafi a inondé le paisible village côtier près duquel il était né de programmes de grands travaux publics pour ériger une ville à la gloire de son pouvoir.
C'est à Syrte qu'il a accueilli les dirigeants du continent noir pour pousser à la création de l'Union africaine, qu'il voyait comme une étape vers la création d'Etats-Unis d'Afrique dont Syrte aurait été la capitale.
Au coeur de ce dispositif trônait le Centre de conférence Ouagadougou, un immense palais moderne et luxueux aux allures de blockhaus. Cible d'intenses combats, le bâtiment porte les marques des bombes et de la rage des pro-CNT. Ses immenses baies vitrées ont toutes explosé, et son toit métallique s'est ployé sous les tirs d'artillerie, tandis que les portraits du colonel Kadhafi et les panneaux à la gloire de l'unité africaine ont été piétinés.
La dévastation touchait toute la ville, depuis le palais de Mouammar Kadhafi rasé par les raids de l'Otan jusqu'à la voie rapide du bord de mer, parsemée de débris et bordée de bâtiments détruits par les tirs d'artillerie.
"Nous n'avons pas fait cela pour nous venger. Nous voulions juste les arrêter et être libres", explique Lutfy al-Amine.
[Source: Afriquinfos, Barcelone, 14oct11]
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