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06fév20
Un ex-ministre libyen: la mission de l'Onu n'est plus crédible pour conduire le processus de paix en Libye
Dans un entretien accordé à Sputnik, un ex-ministre libyen de l'Économie affirme qu'il ne pourra y avoir d'avancée vers la paix en Libye que si Khalifa Haftar accepte «de revenir aux positions qu'il occupait sur le terrain militaire avant le 4 avril 2019, date à laquelle il a lancé son assaut sur la capitale Tripoli».
Lors d'un point presse tenu mardi 4 février à Genève, le chef de la mission des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé, a annoncé que des pourparlers étaient en cours depuis lundi entre les deux camps en conflit en Libye. Ainsi, selon le diplomate onusien, de hauts responsables militaires des deux parties ont entamé des négociations indirectes, selon la formule «5+5» définie à la Conférence de Berlin sur la Libye.
En effet, M.Salamé a affirmé que cinq membres représentant le Gouvernement d'union nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj, et cinq autres l'Armée nationale libyenne (ANL) commandée par le maréchal Khalifa Haftar, ont accepté de transformer la «trêve» en un «cessez-le-feu durable» et doivent désormais déterminer comment parvenir à cet objectif. Par ailleurs, l'émissaire de l'Onu a une fois de plus dénoncé les violations des engagements pris à Berlin par la communauté internationale pour arrêter les ingérences et les livraisons d'armes aux belligérants.
Dans un entretien accordé à Sputnik, l'ex-ministre libyen de l'Économie dans le gouvernement d'Ali Zeidan (2012-2014), Mustafa Abofanas, a expliqué que la condition sine qua non pour que ces pourparlers aboutissent est que le maréchal Khalifa Haftar accepte «de revenir aux positions qu'il occupait» avant l'assaut lancé sur Tripoli. Il par ailleurs décrypté l'incidence de l'ingérence étrangère en Libye.
Quelle chance pour les pourparlers de Genève?
«Si la mission des Nations unies pour la Libye, conduite par Ghassan Salamé, et l'ensemble de la communauté internationale sont sincères dans leur démarche pour trouver une solution au conflit qui ronge le pays depuis des années, ils doivent imposer au préalable au maréchal Khalifa Haftar de revenir aux positions qu'il occupait sur le terrain militaire avant le 4 avril 2019, date où il a engagé son assaut sur la capitale Tripoli», confie-t-il.
Et d'expliquer que «nous étions dans un processus politique sous les auspices de l'Onu qui allait aboutir à la paix et à l'organisation d'un congrès regroupant toutes les parties libyennes prévu pour le 14 avril 2019 dans la ville de Ghédamès, en Libye». «Sauf que Khalifa Haftar, 10 jours avant cette réunion, a tout renié et a lancé un assaut sur la capitale libyenne dont il contrôle actuellement plusieurs positions».
Dans ces conditions, ajoute l'ex-ministre -- qui affirme être équidistant du GNA et de l'ANL -- «nous ne pouvons pas accepter le fait accompli. Et malheureusement, la mission des Nations unies, particulièrement son chef Ghassan Salamé, ne sont plus crédibles pour conduire ce processus vu qu'ils se sont soumis aux pressions de certaines parties étrangères qui soutiennent Haftar, et donc ne sont plus neutres». «Tous les Libyens des marches populaires en soutien au processus de paix demandent au secrétaire général de l'Onu de remplacer Ghassan Salamé», souligne-t-il.
«Si la mission des Nations unies pour la Libye, conduite par Ghassan Salamé, et l'ensemble de la communauté internationale sont sincères dans leur démarche pour trouver une solution au conflit qui ronge le pays depuis des années, ils doivent imposer au préalable au maréchal Khalifa Haftar de revenir aux positions qu'il occupait sur le terrain militaire avant le 4 avril 2019, date où il a engagé son assaut sur la capitale Tripoli», confie-t-il.
Et d'expliquer que «nous étions dans un processus politique sous les auspices de l'Onu qui allait aboutir à la paix et à l'organisation d'un congrès regroupant toutes les parties libyennes prévu pour le 14 avril 2019 dans la ville de Ghédamès, en Libye». «Sauf que Khalifa Haftar, 10 jours avant cette réunion, a tout renié et a lancé un assaut sur la capitale libyenne dont il contrôle actuellement plusieurs positions».
Dans ces conditions, ajoute l'ex-ministre -- qui affirme être équidistant du GNA et de l'ANL -- «nous ne pouvons pas accepter le fait accompli. Et malheureusement, la mission des Nations unies, particulièrement son chef Ghassan Salamé, ne sont plus crédibles pour conduire ce processus vu qu'ils se sont soumis aux pressions de certaines parties étrangères qui soutiennent Haftar, et donc ne sont plus neutres». «Tous les Libyens des marches populaires en soutien au processus de paix demandent au secrétaire général de l'Onu de remplacer Ghassan Salamé», souligne-t-il.
Qu'en est-il de l'ingérence étrangère?
S'exprimant sur l'arrivée la semaine passée d'armements et d'experts turcs à Tripoli, Mustafa Abofanas affirme que «l'intervention turque en Libye est arrivée neuf mois après le début de l'assaut des troupes de Haftar sur la capitale libyenne». «La Turquie intervient dans le cadre d'un accord connu et public signé avec le Gouvernement d'union nationale (GNA) qui est reconnu par l'Onu et la communauté internationale».
À contrario, l'interlocuteur de Sputnik fait savoir que «ceux qui soutiennent Khalifa Haftar, en l'occurrence l'Égypte, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et la France, le font d'une manière clandestine et dans le cadre d'accords inavoués dont on ne connait pas la consistance». Ceci en plus du fait que «ces pays tout comme Haftar nient l'existence de ce soutien en armes et en mercenaires».
Par ailleurs, l'ex-ministre estime que «l'intervention étrangère, d'un côté comme de l'autre, a créé une sorte d'équilibre militaire sur le terrain qui pourrait servir de base pour un équilibre politique qui amènerait tous les belligérants à s'assoir autour de la table des négociations pour tenter de trouver une solution pacifique au conflit, pour peu qu'il ait une volonté sincère de le faire». «Mais malgré ça, nous aurions souhaité éviter l'ingérence étrangère car elle a toujours engendré des catastrophes là où elle a eu lieu», soutient-il.
Quel avenir pour la Libye?
«La Libye dispose d'un énorme potentiel qui peux lui permettre de sortir de sa situation rapidement en établissant des partenariats avec tous les pays qui le désirent», assure M.Abofanas.
Mais pour que ça puisse se réaliser, «il faudrait que Haftar, qui s'est fait une réputation de sauveur de la Libye contre les organisations terroristes, ce qui n'est pas du tout le cas, soit stoppé». «Haftar ne combat pas le terrorisme en Libye et il ne l'a jamais fait, par contre il considère tous ceux qui sont contre lui comme des terroristes», avance-t-il, soutenant que «ce sont ses actes qui ont créé le contexte favorable à la prolifération d'organisations terroristes en Libye».
[Source: Sputnik News, Moscou, 06fév20]
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