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08avr16


La Tunisie veut vite reprendre pied en Libye


A peine le Conseil de la présidence du gouvernement libyen d'entente nationale s'est-il installé à Tripoli, que le gouvernement tunisien a décidé la réouverture de sa mission diplomatique.

«Il s'agit de préserver les intérêts des Tunisiens résidant en Libye, d'être à l'écoute de leurs préoccupations et de contribuer au développement des relations de coopération entre les deux pays dans les différents domaines», lit-on dans le communiqué, qui ne précise pas de date pour l'application de cette décision.

Il est à rappeler que la Tunisie a été l'un des derniers pays à fermer sa représentation consulaire à Tripoli, le 19 juin 2015, après la libération des 10 employés de la mission, kidnappés quelques jours plus tôt. Selon le politologue Slaheddine Jourchi, «cette décision entre certes dans le cadre des relations historiques entre les deux pays. Mais, elle marque surtout la détermination de la Tunisie à aider les acteurs politiques libyens dans leurs efforts pour stabiliser leur pays, lutter contre le terrorisme, sécuriser ses frontières et améliorer les conditions de vie du peuple libyen, ce qui veut dire que l'option politique, prônée par la Tunisie, l'emporte sur la solution militaire pour résoudre la crise libyenne».

Par ailleurs, l'attitude tunisienne trouve déjà soutien auprès de la France. Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères, a encouragé la position tunisienne et exprimé le souhait d'ouvrir le plus rapidement possible l'ambassade de son pays à Tripoli : «Ce sera un signal fort montrant que nous ne capitulons pas face au terrorisme», a-t-il déclaré.

Coopération dans tous les domaines

Par ailleurs, il est clair que la situation libyenne inquiète au plus haut point les pays de la région. Elle a été au centre des discussions en Algérie de Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée tunisienne des représentants du peuple (ARP). Suite à sa rencontre avec le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, M. Ennaceur a souligné l'intérêt de «renforcer la coopération bilatérale, notamment dans les régions frontalières». Le président de l'ARP a précisé avoir évoqué avec le président algérien «la situation dans la région, notamment en Libye, et ses répercussions sur la sécurité dans les deux pays».

Cette visite est survenue deux semaines après celle de l'influent président du mouvement islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui a rencontré, lui-aussi, le président Bouteflika. «Ghannouchi est connu pour ses étroites liaisons avec les islamistes libyens, forts implantés dans l'ouest de la Libye, limitrophe de l'Algérie», remarque le politologue tunisien Slaheddine Jourchi. «Cela veut dire que Tunisiens et Algériens collaborent avec la communauté internationale pour stabiliser l'Ouest libyen», conclut Jourchi. La situation dans ce pays reste ouverte à toutes les options tant que les protagonistes libyens ne semblent pas s'entendre encore sur une alternative concertée pour sauver leur pays.

[Source: Par Mourad Sellami, El Watan, Alger, 08avr16]

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