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01déc13
Mahmoud Jibril accuse l'Occident
Du côté de Mahmoud Jibril, l'ancien directeur exécutif du Conseil national de transition et leader du parti de l'Alliance des forces nationales, grand vainqueur des élections du 7 juillet 2012 en Libye, le ton est à l'amertume.
Jibril est en effet victime de la Loi d'épuration, votée par le Congrès national général le 5 mai 2013 et ne peut postuler à un poste de responsabilité dans les nouvelles institutions, à moins d'un amendement de cette Loi.
Invité à l'inauguration de la 6e édition du Forum de réflexion Medays qui s'est tenue à Tanger au Maroc du 13 au 16 novembre sous le thème «Quels moyens pour développer un monde instable», Mahmoud Jibril a également contribué à la table ronde sur «les perspectives politiques instables du printemps arabe». Il a tiré à boulets rouges sur l'Occident qu'il rend en partie responsable de la crise en Libye. La responsabilité de l'Occident réside, selon Jibril, dans le fait que «la Libye a été lâchée de manière précoce, juste après la chute du régime d'El Gueddafi».
«Pourtant, j'avais demandé en ce moment-là à l'Union européenne de ne pas partir. Je leur ai proposé d'attendre jusqu'à la construction et la consolidation des fondements de l'Etat libyen», se rappelle-t-il. «Mais l'Union européenne est partie et nous accuse maintenant d'être devenus une source de terrorisme», regrette l'ancien homme fort de Libye. Les accusations de Jibril ne se limitent pas à ce retrait rapide de Libye. «Les occidentaux étaient au courant des armes qui continuaient à affluer en Libye après la guerre, via plusieurs aéroports de Libye, et ils n'ont pas réagi du tout», leur reproche-t-il. Ils misaient alors, selon lui, sur l'instauration d'un projet politique islamiste. «Maintenant, ce projet a échoué en laissant la place aux dérapages et aux violences. Les armes circulent massivement dans toutes les régions du pays et sont même passées chez les terroristes», déplore l'ancien homme fort du CNT. Concernant ses espoirs pour la sortie de la crise, Mahmoud Jibril souhaite que «l'homme de la rue libyen s'implique davantage pour sauver la révolution, instaurer la paix pour tous les fils de ce pays».
Les Libyens ne méritent pas, selon lui, de vivre dans la peur des armes et des incertitudes. Pour ce qui est de son évaluation de la manière avec laquelle les autorités actuelles sont en train de gérer la crise traversée par son pays, Jibril regrette que «quelque 200 milliards de dollars aient été dilapidés par les nouveaux maîtres libyens, sans qu'il y ait de traces visibles sur le terrain». «Les experts ont pourtant évalué la reconstruction du pays à 400 milliards de dollars. C'est donc un énorme gâchis que de dépenser la moitié de cette somme sans qu'il n'y ait le moindre signe de reconstruction dans le pays», souligne-t-il avec amertume. «Je crains que les Libyens ne baissent les bras et disent un jour avec du regret : du temps d'El Gueddafi, il n'y avait pas ce désordre et cette insécurité», a averti Mahmoud Jibril, en concluant : «S'ils commencent à dire cela, c'est terrible !»
[Source: Par Mourad Sellami, El Watan, Alger, 01déc13]
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