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07nov16
Traitées de «race inférieure», elles racontent leur expérience sous Daech à Mossoul
Les évadés de Mossoul ne parviennent pas à se remettre de leur frayeur au seul souvenir des sévices auxquels se livraient les djihadistes à l'encontre de la population.
Sputnik s'est entretenu avec des femmes qui ont réussi à fuir Mossoul pendant l'opération lancée par l'armée irakienne et les Peshmergas et ont trouvé un abri dans un camp de réfugiés d'Erbil (Kurdistan irakien). Elles ont évoqué ce qu'elles ont vécu dans une ville gouvernée par Daech.
Aliyye Bozan a d'abord demandé à ne pas être prise en photo avec ses enfants, afin de ne pas exposer au danger des parents restés à Mossoul. Elle a confié que tous avaient peur de Daech parce qu'il était impossible d'oublier ce qui avait été vécu sous son pouvoir.
Aliyye Bozan dit qu'elle ne pourra jamais oublier les scènes d'exécution dont elle a été témoin. Les djihadistes infligeaient la mort par lapidation aussi bien aux civils qu'à leurs propres combattants fautifs aux yeux de leurs supérieurs.
Une fois, elle a assisté à la lapidation dans la rue d'une femme dont le seul délit avait consisté à fréquenter un homme. Une autre fois, les djihadistes ont lapidé une veuve qui avait eu des relations avec un homme marié.
« Je ne peux pas oublier comment cette femme malheureuse, âgée d'une trentaine d'années, a demandé grâce. Mais les djihadistes continuaient de jeter des pierres en scandant Allahou akbar. Son cas n'est pas unique. Une correction était administrée à toute femme soupçonnée d'infidélité conjugale. Causer avec un homme dans un lieu public ou être habillée d'une manière inconvenable aux yeux des djihadistes pouvait nous conduire à être frappée en public à coups de fouet », relate Aliyye Bozan.
Kewser Heso, 48 ans, a vécu deux ans et demi sous l'empire de Daech. Dès que les combattants ont pris Mossoul, la vie de ses habitants, en particulier des femmes, est devenue un martyre. Les djihadistes ont établi des règles très strictes réglementant chaque pas d'une femme. Une seule mèche sortie du voile entraînait une peine de 50 coups de fouet.
Elle a noté que la population chiite de Mossoul était surtout persécutée. Les djihadistes haïssaient les chiites tout simplement parce qu'ils étaient des chiites.
« Ils maltraitaient tout le monde, sauf les sunnites. Les chrétiens, les Assyriens, les Kurdes, tous étaient pour eux une race inférieure. Une fois, les djihadistes ont mis en prison mon mari et mes fils où ils ont été torturés pendant plusieurs jours. Mon frère cadet a été emprisonné et accusé d'espionnage pour la seule raison qu'un autre frère faisait son service dans l'armée irakienne », a-t-elle raconté.
L'histoire de Sara Abdullah est aussi triste. A Mossoul, elle avait l'impression de se trouver en prison. Elle ne sortait pas sans nécessité urgente pour ne pas tomber sous les yeux des djihadistes. A domicile, il était interdit d'écouter de la musique. La télévision était aussi interdite. Dans la ville, il y avait un seul cyber-café, mais l'accès y était interdit aux femmes.
« Nous avions peur de fumer à la maison. Mes filles ont cessé de se maquiller. La vie normale pour les femmes s'est terminée avec l'arrivée de Daech. Nous avions peur des djihadistes, tout comme des avions de la coalition qui survolaient constamment les quartiers résidentiels », s'afflige-t-elle. Hori Celil, 29 ans, a raconté, les larmes aux yeux, son mariage forcé avec un combattant de Daech à Mossoul.
« Contre mon gré, j'ai été donnée en mariage à un combattant de Daech. Celui-ci avait déjà deux femmes. Les combattants estiment qu'ils peuvent avoir autant de femmes qu'ils veulent. Pratiquement tous les djihadistes étaient mariés. On les tuait souvent pendant les combats et leurs femmes devenaient veuves. D'ordinaire, deux mois plus tard, on les donnait en mariage à un autre combattant. Je connais de nombreuses femmes qui sont devenues femme de djihadiste cinq ou six fois », a-t-elle témoigné.
[Source: Sputnik News, Moscou, 07nov16]
This document has been published on 14Nov16 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes. |