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20avr16
Lettre adressée au Secrétaire d'État aux anciens combattants au sujet du refus de retirer la Légion d'honneur à Francisco Franco
Monsieur Jean-Marc Todeschini
Secrétaire d'État
aux anciens combattants
15 rue Saint Dominique
75007 Paris SP07Paris, le 20 Avril 2016
Monsieur le Secrétaire d'État,
Notre association a été saisie par notre ami Jean Ocana, ancien Consul Honoraire d'Espagne, sur un sujet peu connu : la nomination du Général Franco comme Officier (22/02/1928) puis Commandeur (26/10/1930) de la Légion d'honneur.
Jean Ocana est originaire d'Albacète dont le père, comme le mien, a été déporté au camp de Mauthausen et dont le frère ainé (mais qui avait à l'époque que 4 ans) a été étranglé par un médecin franquiste en 1940, en Espagne, après que ce dernier a appris que le père était un officier républicain, son commentaire : « Un fils de rouge de moins ».
Compte tenu de la manière dont Franco a accédé au pouvoir par un coup d'état militaire contre une république démocratiquement élue et de ce que fut le régime franquiste jusqu'en 1975 (et même au-delà), Jean Ocana nous a alerté et demande à notre association Mémoires Partagées d'intercéder auprès de vous pour que vous soyez porteur, auprès de la Grande chancellerie de la Légion d'honneur, de sa requête de réunion du conseil de discipline afin que soient retirées au dictateur ces distinctions dont il est indigne. Effacer son nom c'est faire acte de reconnaissance historique du combat des Républicains espagnols pour la liberté et la dignité. C'est également aujourd'hui, condamner les régimes fascistes et totalitaires qui règnent par la terreur et la destruction.
Il apparaît que la grande chancellerie argumente : qu'il ne peut être retiré de distinctions à un mort car la personne incriminée est amenée à se défendre, mais pourtant elle dit également : « La Légion n'est automatiquement retirée qu'aux personnes coupables de "crime" ou condamnées à un an ou plus de prison ferme » Or il se trouve que Franco a été condamné unanimement par les plus hautes instances internationales, à l'ONU et ensuite bien après sa mort au Conseil de l'Europe pour crimes contre l'humanité.
De plus, ces distinctions ayant été attribuées à titre protocolaire, rien n'empêche le secrétaire d'État de demander leur retrait de la liste des personnes honorées, au même titre. Pour les chercheurs et historiens de l'avenir, il est important de pouvoir lire sur la liste des personnes distinguées par la Légion d'honneur de la République française que le dictateur Franco, a été rayé de cette liste honorifique.
Si au début de sa carrière militaire, Franco a pu la mériter (surement dû à ses états de service durant la guerre du Rif), il a largement démérité de son vivant où, sous sa responsabilité, son gouvernement a assassiné des milliers de personnes et enlevé des milliers d'enfants. C'est pour ces raisons que la notion de crimes contre l'humanité a été retenue contre lui.
Voilà pourquoi Monsieur le secrétaire d'État, nous nous adressons à vous et faisons écho à Jean Ocana pour qu'en tant que chargé de la mémoire combattante, vous vous fassiez porte-parole de cette démarche.
Par avance je vous en remercie vivement au nom des tous les Espagnols combattants de la Liberté, au nom de Jean Ocana, au nom de notre association Mémoires Partagées et en mon nom propre.
Veuillez croire, Monsieur le secrétaire d'État, en mes sentiments les meilleurs.
Véronique Salou Olivares
Association Mémoires PartagéesP.J. Dossier adressé à la Grande Chancellerie
Impunidad y crímenes franquistas
This document has been published on 02May16 by the Equipo Nizkor and Derechos Human Rights. In accordance with Title 17 U.S.C. Section 107, this material is distributed without profit to those who have expressed a prior interest in receiving the included information for research and educational purposes. |