EQUIPO NIZKOR |
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23mar11
Nous sommes fiers de cet accord conclu après six ans de stratégie juridique
Chers amis,
Nous sommes réunis aujourd'hui dans la communauté de Ñaurenda pour célébrer et fêter un an de plus de l'existence de l'Assemblée du peuple guarani Itika Guasu, un an de plus de l'existence du peuple guarani Itika Guasu, un an de plus de l'existence du TCO Itika Guasu.
Mais les événements importants de l'année dernière font que cet anniversaire n'est pas un anniversaire comme les autres. C'est une année très particulière dont nous nous souviendrons toute notre vie, et je pense pouvoir dire que nos enfants et petits-enfants s'en souviendront également.
Cette année nous avons fait de nombreux pas en avant en ce qui concerne la reconnaissance juridique de nos droits en tant que communautés autochtones et de nos droits sur la terre, et en ce qui concerne la reconnaissance de nos us et coutumes.
Le 29 décembre dernier, nous avons signé une convention avec Repsol Bolivia SA qui a mis un terme au conflit qui nous opposait depuis de longues années.
Nous l'avons signée sans devoir renoncer à un seul de nos droits et nous avons réussi à obtenir la reconnaissance juridique pleine et entière de notre propriéte sur le Territoire communautaire d'origine, et même la reconnaissance de l'existence de l'APG IG.
Nous sommes fiers d'être parvenu à cette convention, car elle réunit des conditions particulières qui la rendent unique en Bolivie et dans toute l'Amérique latine. Elle ne profite pas seulement à nous, membres de l'APG IG, car la majorité des principes adoptés par chacune des parties à la convention sont utiles et serviront d'exemple à d'autres communautés autochtones, et peuvent influencer le comportement des entreprises pétrolières dans la mesure où cette convention a des effets juridiques véritables.
Nous espérons que d'autres communautés connaissant des problèmes similaires en Amérique latine s'en inspireront.
Pendant au moins six ans, nous avons suivi une stratégie bien définie sur le terrain juridique, et nous avons appris, nous qui avons travaillé à cette stratégie, non seulement que nos droits avaient de la valeur, mais également qu'ils pouvaient être défendus dans la pratique.
Beaucoup nous ont dit que notre rêve ne pourrait jamais être atteint. Certains ont même osé dire, dans des textes prétendument sophistiqués, que notre rupture avec Repsol SA en 2006 était un suicide et que jamais nous n'obtiendrions les conditions que nous exigions alors. Aujourd'hui nous pouvons fièrement dire qu'ils avaient tort et, heureusement pour l'avenir de nos enfants, nous pouvons souligner que les décisions prises lors de nos assemblées de Mburuvichas étaient les bonnes.
Nous avons consolidé, entre autres, les points suivants:
La création du fonds d'investissement Itika Guasu, dont, comme vous le savez, l'activité financière a débuté le 11 mars. Ce fonds est le premier de la sorte en Bolivie et en Amérique latine. Il fait partie de notre stratégie de financement de longue durée qui permettra de mener notre développement à terme. Il garantit notre autonomie réelle et celle de nos enfants. Ces 14,8 millions de dollars serviront à améliorer l'assistance médicale à nos enfants et à nos femmes et à pourvoir à nos besoins sur le long terme. Comme beaucoup d'entre vous le savez, l'unité de soins a déjà commencé à fonctionner et elle sera en plein fonctionnement dans six mois. Pour la première fois de notre histoire, nous garantirons une assistance médicale à tous nos enfants de manière permanente, autrement dit sur le long terme. Le financement de ce projet est assuré pour au moins les vingt prochaines années.
Nous sommes en train d'étudier quelles entreprises spécialisées en audits environnementaux réaliseront le premier audit de notre TCO pour la période 1997-31 décembre 2010. C'est la première fois que cela aura lieu en Bolivie, et c'est la première fois que cela aura lieu dans le cadre juridique d'un TCO.
Vous savez tous que dans le Chaco, aucun audit de ce genre n'a jamais été effectué. Mais cet audit se répétera tous les cinq ans jusqu'à la fin du contrat d'opération dirigé par Repsol Bolivia SA afin de garantir que, quand le contrat arrivera à son terme, notre terre retrouve son état d'origine et que ce soient les entreprises qui payent les dommages environnementaux et qui garantissent à nos enfants que la terre ne sera pas polluée ni pleine de ferrailles inutiles.
En plus de cela, notre droit à la consultation a été reconnu, pas comme s'il s'agissait d'un acte administratif, mais plutôt d'un contrôle continu des activités que réalisent les entreprises sur notre territoire, qui les oblige à respecter nos us et coutumes qui, en cas de conflit, primeront au point de vue juridique dans la résolution du conflit. Nous avons également obtenu que la convention avec Repsol Bolivia SA inclut le droit international des droits de l'homme, le droit commercial international et le droit pénal international ; la Convention nº 169 relative aux peuples indigènes et tribaux de l'Organisation Internationale du Travail et la jurisprudence de la Cour interaméricaine des Droits de l'Homme sont aussi inclus dans la Convention. Il ne s'agit donc pas d'une reconnaissance formelle et rhétorique, car ils font partie intégrante de la convention et constituent une reconnaissance de tous les droits des peuples indigènes et des libertés civiles qui nous reviennent. C'est la première fois qu'une entreprise pétrolière signe un accord de ce type en Bolivie et en Amérique latine.
Ces mesures et accords nous permettront pour la première fois d'avoir une réelle stratégie concernant la légalisation de l'exploitation forestière sur notre TCO, avec l'assistance technique et juridique nécessaire que nous avons déjà concrétisée et qui se développera au cours des cinq à dix prochaines années. Pour la première fois, nous pourrons être certains que l'exploitation de nos ressources se fera de manière rationnelle et dans le respect de la nature, comme nous l'avons toujours souhaité. Comme je le disais au début de ce discours, cet anniversaire n'est pas un anniversaire comme les autres. J'ai pu voir, lors de nos assemblées, lorsque cette convention a été adoptée et qu'on en a expliqué l'importance, des compagnons pleurer d'émotion, notamment ceux qui avaient été persécutés et qui, en défendant les droits de nous tous, avaient subi des attaques racistes telles que celles que nous connaissons encore aujourd'hui.
Avant de finir, je veux vous exprimer que notre volonté est de défendre tous nos compagnons et notre autorité, et pour ce faire, nous utiliserons tous les moyens juridiques et financiers à notre disposition. Je veux particulièrement mettre en avant la défense de nos us et coutumes pour faire face à ceux qui prétendent usurper notre terre, nos forêts et, plus grave, nos autorités élues selon nos us et coutumes.
Si un dirigeant guarani fait fausse route, c'est nous qui devons juger ses actes et le punir si nécessaire. Personne ne doit remplacer nos us et coutumes.
Comme vous le verrez, cette nouvelle situation nous pose de nombreux défis, notamment celui de la formation nécessaire pour pouvoir gérer nos propres ressources afin que nos enfants, d'ici une génération, possèdent les outils que nous n'avons pas eu et puissent bénéficier des moyens qui garantissent leur éducation, l'accès aux soins de santé et à un logement digne, et en outre, de projets rentables assurant notre développement sur le long terme.
Nous n'y arriverons pas sans les efforts et la collaboration de tous. Aujourd'hui plus que jamais nous devons nous unir pour continuer à avancer et pour que ces réussites, très importantes, ne soient que le début d'une nouvelle étape dont nous pouvons tous être fiers.
Ñaurenda, le 23 mars 2011
Never Barrientos
Président de l'APG IG
Informes sobre DDHH en Bolivia
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